Легкое знакомство
La pièce en deux actes
À PROPOS
Une rencontre entre un homme et une femme a lieu dans le restaurant d’un hôtel, tard le soir. Notons que c’est la femme qui a pris l’initiative de cette rencontre. Il est très difficile de comprendre qui est cette étrange inconnue : belle de nuit ou aventurière raffinée ? L’homme n’arrive pas à savoir s’il lui plaît, si elle joue avec lui ou si elle propose simplement une relation vénale. Le duel verbal que se livrent ces deux personnages reflète une attirance et une répulsion mutuelles, leur solitude et leur effort pour la surmonter, le désir et la crainte de l’amour. 1 rôle masculin, 1 rôle féminin
Personnages :
Lui
Elle
ACTE I
La salle de restaurant d’un hôtel, tard dans la soirée. Le restaurant est presque vide. Un homme d’âge moyen achève tranquillement son repas, tout en lisant distraitement un manuscrit.
Un peu plus loin, à une distance de quelques tables, est assise une femme d’une tre_uteau. La femme, de l’air de quelqu’un qui a pris une décision, se lève et s’approche de la table de l’homme.
ELLE. Excusez-moi, la place est libre?
L’homme lève la tête, puis parcourt du regard la salle vide et regarde la femme avec étonnement.
ELLE. Je demande si la place est libre.
LUI. Oui, elle est libre.
ELLE. Je peux m’asseoir sur cette chaise?
LUI. (débarrassant sans trop d’entrain son porte-documents de la chaise). Oui, je vous en prie.
La femme s’assoit. L’homme se plonge ostensiblement dans la lecture, faisant des annotations. La femme suspend son sac au dossier de sa chaise, arrange sa coiffure et s’installe confortablement. On sent qu’elle s’apprête à rester longtemps.
ELLE. Excusez-moi, avez-vous des allumettes?
LUI. (interrompant sa lecture). Pardon?
ELLE. Je demande, si vous avez des allumettes ou un briquet.
LUI. Je ne fume pas.
ELLE. Vous prenez soin de votre santé?
LUI. Je ne fume pas, tout bonnement.
ELLE.Et vous faites bien. Moi non plus je ne fume pas.
LUI.Pourquoi, alors, demander des allumettes?
ELLE. Je n’en ai pas demandé. Je voulais simplement savoir si vous en aviez ou pas.
LUI. Admettons, que je n’en aie pas. Et alors?
ELLE. Rien.
LUI. Et si j’en ai?
ELLE. Rien, non plus.
LUI. Une manœuvre pour engager la conversation?
ELLE. Peut-être.
LUI. Considérez qu’elle a échoué.
ELLE. Il est d’usage de considérer, je ne sais d’ailleurs pas pourquoi, qu’il revient à l’homme d’engager la conversation.
LUI. S’il le veut.
ELLE. Et vous ne voulez pas?
LUI. Et je ne veux pas.
ELLE. Bon, alors restons sans parler.
L’homme s’efforce à nouveau de lire le manuscrit. La femme, silencieuse, continue de le regarder.
LUI. (se détachant avec agacement de sa lecture). Pourquoi me fixez-vous du regard? Que vous faut-il?
ELLE. Rien. Peut-être, vous taquiner un peu.
LUI. Pourquoi?
ELLE. Je ne sais pas. Sans doute, l’ennui.
LUI. Allez vous distraire ailleurs.
ELLE. Vous ne vous ennuyez pas? Vous ne faites que passer dans cette ville qui vous est étrangère et où vous n’avez rien à faire…
LUI. Pourquoi avez-vous décidé que je ne fais que passer?
ELLE. Qui d’autre peut rester tard le soir dans un restaurant d’hôtel, seul avec un porte-documents, à lire un document assommant?